La persévérance est une qualité qui s’acquiert petit à petit.
On entend de plus en plus souvent parler de la persévérance scolaire, comme s’il s’agissait d’une sorte différente de persévérance, qui pouvait être développée par des tiers. Dans de nombreuses écoles, on utilise des tableaux de motivation et des récompenses liées au nombre de jours de présence en classe en pensant cultiver la persévérance scolaire. Pire encore, on morcelle et on abaisse les exigences afin que l’élève atteigne plus facilement les objectifs, en croyant que c’est le succès qui crée la persévérance scolaire.
Que ce soit à l’école, sur le marché du travail ou dans sa vie amoureuse, la persévérance se résume toujours à la même chose : mettre en œuvre sa volonté, user de patience pour poursuivre une action malgré les difficultés, pour rester ferme dans une résolution, une opinion, une attitude *.
La persévérance scolaire n’est pas une capacité ou un talent particulier. Ça ne sert à rien d’espérer la développer quand on n’a pas développé la persévérance tout court, avant que le petit n’entre à l’école. Il ne s’agit pas d’un stade de développement spontané, comme la fermeture de la fontanelle d’un poupon. La persévérance est une qualité, comme la politesse, l’ouverture aux autres ou le contrôle de soi, qui s’acquiert petit à petit parce que nos parents l’ont exigée. Et plus nous l’utilisons, plus elle s’accroît.
Ténacité, persistance, insistance, résolution, acharnement, poursuite, obstination, patience. Tous ces synonymes parlent de la même chose : ne pas lâcher.
Et on n’apprend pas cela dans les moments charnières et décisifs de notre vie, mais bien avant. Lorsqu’un adulte a retiré les petites roues de notre bicyclette et qu’on s’est « planté », avec sans doute quelques larmes et un coude éraflé… Si quelqu’un nous a forcé à remonter sur le vélo et à essayer encore, trois fois, dix fois s’il le fallait, alors on a appris un peu la persévérance.
Quand on a voulu apprendre à jouer de la guitare à 14 ans et que le bout de nos doigts brûlait, qu’il semblait impossible de les écarter assez pour réussir l’accord de sol et que, même après quatre semaines de tentatives acharnées et quotidiennes, on n’arrivait toujours pas à jouer la pièce des Colocs pour laquelle on avait décidé de se mettre à la guitare… Si quelqu’un nous a obligé à poursuivre notre travail patiemment et sans relâche, alors nous avons acquis un peu plus de persévérance.
Les petits ne l’apprennent pas quand on les retire du cours de judo après trois semaines parce qu’ils n’aiment pas vraiment ça, finalement. Ils ne l’apprennent pas quand on leur achète des souliers à velcro parce que c’est trop long, attacher des lacets. Ni quand on construit le vaisseau spatial en Lego à leur place, car ils trouvent ça trop difficile.
On n’arrive à rien sans persévérance. Notre époque, où il suffit d’écrire trois mots dans la fenêtre de Google pour obtenir ce qu’on veut en moins de deux secondes, a oublié que la ténacité, la détermination et la patiente poursuite du travail sont les seules qualités qui nous permettent d’atteindre notre plein potentiel.
Tenir bon, même quand c’est difficile. Ça s’applique aussi à la job de parent.
* Source : Centre national de ressources textuelles et lexicales
France Paradis est scénariste, conférencière, orthopédagogue et mère de famille.
Source: Enfants Québec, novembre 2015
4 commentaires
Ari
Excellent article! Quelle manière de regarder nos enfants qui semblent être différents à la moyenne. Je vais tenir votre article en tête à chaque fois qu’une autre personne tentera de nous convaincre qu’il faut absolument suivre la moyenne comme des moutons.
Sergio
Très bon article
Très bon article
Super
Corrine