« Quoi ?! Ta fille de 1 an ne fait pas encore ses nuits ? En tout cas, moi ça ferait longtemps que je lui aurais donné une bouteille… » C’est la phrase typique que j’entends régulièrement depuis 2 mois. Parce que non, ma charmante blondinette de 14 mois ne fait toujours pas ses nuits.
Je me suis retrouvée fort dépourvue à sa naissance, moi qui avais déjà une grande fille de 19 mois qui avait fait ses nuits dès sa troisième semaine de vie. Après plusieurs semaines de nuits blanches, j’ai fait une première constatation : c’est vrai, il n’y a pas deux bébés pareils. Après trois mois, je me suis mise à penser qu’il y avait peut-être quelque chose qui clochait. La pédiatre du CLSC a émis l’hypothèse qu’il s’agissait peut-être d’une intolérance aux protéines du lait de vache. Change ton régime, maman, c’est toi qui cloches. Comme ma fille ne buvait que du lait maternel, c’est moi qui devais cesser de consommer tout aliment contenant des protéines de lait de vache.
Après six mois, aucun changement. Mademoiselle se réveille aux deux heures la nuit, voire aux heures. Les nuits sont courtes, pénibles. Et c’est la pire de toutes les étapes qui arrive : les jugements. Je n’avais pas un bébé qui dormait moins, j’avais un bébé anormal, un extraterrestre qui dormait son cycle spatial. « As-tu essayé ça ? », « As-tu pensé à ça ? »… Sincèrement, j’ai tout essayé. Les bains chauds, les massages, les crèmes, les berceuses, les veilleuses, les bruits blancs. Il est où le problème ? « Ah, peut-être que ton lait n’est pas assez riche, ça ne la soutient pas ! » Mais moi, je n’ai pas envie d’arrêter d’allaiter. À la place, j’ai essayé le cododo sécuritaire : bonjour les réprimandes sociales ! Mais au moins, ça m’a donné quelques heures de sommeil plus rapprochées.
Neuf mois après sa naissance, je survivais de peine et de misère à des journées lourdes de commentaires abusifs. Ce n’étaient plus les nuits écourtées qui me donnaient du fil à retordre, c’étaient ces petits mots, ici et là, qui m’épuisaient constamment. Jusqu’au jour où une maman avec qui je conversais sur Internet m’a dit : « Ce n’est pas grave si ton bébé ne fait pas ses nuits… » Mais quelle vérité déconcertante ! Où est le problème ? Dans les yeux des autres.
À partir du moment où j’ai cessé de m’en faire et de penser que j’avais un bébé défectueux ou que j’étais une mère incompétente, tout est devenu si facile ! Les nuits étaient toujours courtes, certes, mais tellement moins épuisantes ! Même l’ambiance dans notre maison est devenue plus légère. C’est ça qui m’a sauvée et qui m’a transformée en maman à l’attitude zen. Décrocher. Oublier les commentaires, les jugements faciles et les grands yeux voyeurs qui cherchent la faille. Parce qu’au fond, ma belle Émilie est parfaite. Elle est drôle et attachante, même si elle se lève encore pour trouver le réconfort de maman. Et moi, je suis une wondermommy, même si je me lève encore dans l’obscurité pour allaiter.
Aux mamans cernées jusqu’au menton qui ne savent plus où donner de la tête, je dis : arrêtez d’être embarrassées et surtout, arrêtez de vous en faire. Délaissez les performances qu’exige notre société. Oubliez ce modèle de perfection qu’on trouve dans les livres. Ce ne sont pas tous les bébés qui dorment des nuits entières à 3 semaines, qui mangent à 6 mois ou qui parlent à 1 an. Une chose est sûre, peu importe les prouesses de votre bambin, vous êtes une mère exceptionnelle et merveilleuse, avec des talents et des capacités extraordinaires. Vous êtes une maman à part entière, une won-de-r-mommy. N’en doutez jamais !
Andrée de la Chevrotière
Source: Enfants Québec, juillet-août 2015
3 commentaires
Manuella Fort
Contente de savoir que je ne suis pas toutes seul à vivre cela! Babychoux à 8 mois et demi et ne fait pas ces nuits lui aussi!
Aurelie
Aujourd’hui mon fils a 4ans et a fe ses nuits qu’à 2ans chq enfant est différent et a chaqu’un son rithme aujourd’hui il dors très bien
Nancy B
Ma fille a 7 mois et les dodos sont difficiles la nuits… réveilles aux 2-3h, et les siestes OUF elles doivent être faites en cododo avec maman et avec le seins. J’ai droit aux confrontations et aux commentaires de ma famille qui je vous avoue me pèsent pas mal plus que mes nombreux réveils nocturnes. Votre texte me fait du bien. Merci