Ma fille de 6 ans a des difficultés de prononciation avec les S et les Z et sa grande sœur se moque d’elle. Que pourrais-je faire pour l’aider ?
La particularité que vous décrivez constitue une « distorsion » où les sons ne sont pas substitués les uns aux autres. Autrement dit, l’enfant ne remplace pas un son par un autre (comme ce serait le cas avec soulis pour souris) et peut donc très bien se faire comprendre. C’est davantage l’aspect visuel qui est préoccupant, car la langue se place entre les dents pour prononcer les sons S et Z. Devant un enfant qui parle ainsi, on a l’impression qu’il est plus jeune ou qu’il a une parole immature.
Lorsqu’on me consulte pour ce type de problème, je recherche d’abord toute cause physique qui pourrait être à l’origine de la propulsion linguale. Par exemple, si l’enfant a de très grosses amygdales, il est possible que le manque d’espace l’oblige à placer sa langue vers l’avant de sa bouche. Si je constate qu’il respire par la bouche, qu’il est congestionné, je le recommande à un médecin traitant. J’évalue également sa déglutition. S’il avale en poussant sa langue vers l’avant, contre ses dents, ce mouvement entretient la mauvaise habitude de propulser aussi sa langue lors de la prononciation de plusieurs sons.
Si l’occlusion dentaire de l’enfant est ouverte (espace entre les dents lorsque la mâchoire est fermée), sa langue sera portée à s’y glisser. Je dirige alors le jeune patient vers son dentiste. De la même façon, si des dents manquent, la langue aura tendance à se placer dans les espaces libres. Il faut aussi vérifier si l’enfant a coutume de sucer son pouce ou sa doudou. Ces habitudes de succion devront être abandonnées avant d’entreprendre une rééducation.
Si aucune des conditions exposées ci-dessus n’est présente, des exercices peuvent être proposés pour aider l’enfant à bien prononcer les sons. L’orthophoniste procède alors souvent par essais thérapeutiques afin de retenir l’approche qui apportera un changement prometteur. Si l’enfant peut facilement produire les sons ciblés en se regardant dans un miroir et en contrôlant sa poussée linguale lorsqu’il prononce, il pourra améliorer rapidement son élocution. En revanche, chez d’autres sujets, la production correcte des sons est plus difficile à obtenir et nécessitera une rééducation en orthophonie. Il ne faut pas, dans de tels cas, reprendre sans cesse les enfants et leur demander de se corriger.
Il est essentiel de toujours encourager chaque enfant à communiquer et de ne pas ridiculiser sa façon de parler. Il doit percevoir les efforts à fournir comme un défi et non comme un signe d’échec. Une approche positive est toujours de rigueur pour maintenir une bonne estime de soi.
Propos recueillis par Marie-Claude Fortin
Source: Enfants Québec, novembre 2011
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