Nous étions deux mères parfaites… jusqu’à ce que nous ayons des enfants. Depuis ce temps, beaucoup de nos grands principes éducatifs ont été « pitchés » par la fenêtre. Tout ne se passe pas toujours comme nous l’avions imaginé.
Marie-Andrée Pilote Je m’en souviens comme si c’était hier. Ma première fille avait 18 mois, nous étions dans une fête de famille. Et là, quelqu’un a voulu lui offrir des chips. Wôôôôô ! Pas de ça pour ma progéniture : je n’avais pas fait mes purées – avec des fruits et des légumes bios en plus – pour rien. On m’a lancé un regard de « Tu t’énerves pour pas grand chose ». Et aujourd’hui… moi aussi je trouve que j’y allais un peu fort. Je me revois traîner mon pâté chinois aux lentilles, sans sel, avec du maïs bio, pour ne pas que ma fille goûte à des affaires frites. Moi, mes enfants, ils allaient bien manger. Santé, bio, pas de sucreries. Oui, ils mangent du brocoli et même du boudin, mais aussi des croquettes de poulet, des chips et des hot-dogs. J’ai fini par lâcher prise au fil des enfants.
Marie Custeau Dix-huit mois, c’est très très vieux. Mon aîné s’est « graisseusement » vu offrir une frite par belle-maman à 8 mois. Et ce, devant mes yeux écarquillés et un faux sourire qui camouflait mal ma colère. Comme toi, j’avais fait mes purées bios. Cela dit, la frite fut digérée. Ma petite colère aussi. Je me suis rendue à l’évidence : je n’aurais jamais le contrôle sur TOUT ce que mes enfants ingéreraient. Faire preuve de souplesse en la matière diminuait mon niveau de pression parentale. À partir du moment où j’ai lâché le morceau (de tofu), je me suis mieux portée. À mon grand étonnement d’ailleurs, car je pensais être beaucoup plus grano et stricte quant à l’alimentation de mes enfants. Reste qu’ils ont 3 et 5 ans et qu’ils n’ont mis les pieds aux « arches dorées » qu’une ou deux fois seulement.
Marie-Andrée Je vais te faire une confidence : mes enfants mangent plus souvent au « resto-pas-santé » en une année que je l’ai fait dans toute mon enfance. Ma mère était pas mal grano, alors j’ai goûté à ma première poutine vers 16 ans. Et je ne voyais pas pourquoi il n’en serait pas de même pour eux. Mais quand j’y vais, c’est pas mal plus pour me faire plaisir à moi qu’à eux. Congé de cuisine, congé de ramassage, congé de vaisselle. Et des frites en prime ! Mes enfants dans tout ça ? Ils mangent trois ou quatre frites, le pain du dessus de leur hamburger et boivent leur lait. Parce que oui, je leur commande du lait – même pas pour leur santé, mais pour ma conscience. On fait taire la petite voix culpabilisante comme on peut.
Marie Ah non, pas la petite voix de la culpabilité ! Un jour, je la servirais bien comme condiment dans un hamburger, entre le ketchup et la moutarde, tiens… Question de la faire taire une fois pour toutes et qu’elle arrête de contrôler nos vies.
Source: Enfants Québec, mai-juin 2015
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