« Ma fille de 11 ans est tellement stressée en période d’examens qu’elle vomit tous les matins. Que faire ? »
La réponse de Dominique Cousineau :
Ce dont il s’agit ici, c’est d’une manifestation d’anxiété. Ce n’est pas le signe que votre fille a une « faiblesse » du système digestif. L’anxiété est un phénomène relativement fréquent chez les jeunes. Au Québec, les dernières estimations révélaient que la prévalence des troubles anxieux chez les 6 à 14 ans se situait autour de 15 %. Les filles démontreraient un degré d’anxiété plus élevé que les garçons. Mais il est possible que cette différence soit simplement due au fait que les filles sont davantage portées à en parler.
Il semble y avoir deux périodes plus propices à l’anxiété. La première, autour de l’âge de 4 ans, l’âge où les peurs surgissent. La seconde, vers l’âge de 11 ans — elle est alors souvent associée aux difficultés et aux exigences scolaires. Elle peut aussi prendre différentes formes. Se manifester sur le plan cognitif (problèmes de concentration ou de mémoire), comportemental (tendance à l’évitement ou aux comportements hyperactifs), émotif (hypersensibilité, tristesse, réponse exagérée au stress) ou, comme c’est ici le cas, physique (vomissements, palpitations, tremblements, sudation excessive).
L’anxiété de performance, dont semble souffrir votre fille, est liée à la peur de l’échec et, surtout, à la crainte du jugement d’autrui en cas d’échec. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi. Modérée, cette crainte peut mener à une performance optimale et constituer un moteur pour la réussite. Mais si elle devient trop importante, voire envahissante, elle peut au contraire faire obstacle à la performance. Par exemple, l’enfant très anxieux à l’égard de sa réussite étudiera trop longtemps et dépassera ses capacités.
L’important est de nommer ce qui se passe. Et de tenter de voir dans quel contexte le stress survient. Il peut être difficile, pour un parent, de gérer la situation à la maison. Parfois, il faut aller parler au professeur, essayer de comprendre l’atmosphère de la classe, de l’école. Au besoin, on consultera le psychologue scolaire, qui aidera l’enfant à « déconstruire » ses idées préconçues et lui donnera des outils concrets propres à lui permettre de recadrer les choses. Les techniques de relaxation paraissent avoir peu d’effets sur l’anxiété. Ce dont l’enfant a besoin, c’est de se remettre dans une perspective réaliste. Votre fille a peut-être l’impression que ce sera la fin du monde si elle ne réussit pas tel examen. Il faut l’aider à doser son travail de façon plus adéquate, en alternant les moments de détente et les moments d’étude, par exemple, et l’encourager à reformuler ses valeurs afin qu’elle puisse retrouver le plaisir de l’apprentissage.
Propos recueillis par Marie-Claude Fortin
Source: Enfants Québec, décembre-janvier 2011
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