La suite a été pour nous déchirante. Les nouvelles sur la santé de Léandre étaient chaque jour plus difficiles à entendre. Une défaillance respiratoire, une déglutition difficile (gastrostomie), un problème de peau important, une perte de vision totale de l’œil gauche, une anomalie cardiaque nécessitant une chirurgie avant l’âge de 1 an, des diarrhées chroniques, et j’en passe. De plus, les dernières résonances magnétiques et les électroencéphalogrammes n’étaient guère encourageants.
Nos désirs, nos projets de vie s’éteignaient peu à peu. Ma hâte de sortir de l’hôpital avec mon petit trésor et de voir mes deux garçons jouer ensemble devenait maintenant un rêve plus qu’une réalité. Rien de ce qui se dessinait devant nous n’avait été imaginé au préalable. Nous avions l’impression de perdre le contrôle. Nous ne décidions plus de rien. Nous avons tellement pleuré. Le cœur en miettes, les yeux pleins d’eau, nous devions quand même retrousser nos manches et faire face à la tempête… qui éclata lorsque Léandre atteignit son troisième mois. Ce n’était dorénavant qu’une question de temps avant que notre petit loup nous quitte pour un monde sans souffrance. Déficit immunitaire combiné sévère… Notre bébé n’arrivait plus à combattre les infections, son système se retournait contre lui. Un tout petit microbe contracté devenait pour lui une menace imminente… De nombreuses précautions s’imposaient. L’avenir s’assombrissait encore et encore.
Impuissante devant tout cela, je ne pouvais que t’aimer, te bercer, t’embrasser, te cajoler, te soigner, te sécuriser… J’aurais tant aimé faire plus!
Je savourais chaque minute passée en ta compagnie. Je ne comptais plus les baisers que je déposais sur tes joues. Ton papa et ton frère venaient nous rejoindre toutes les fins de semaine… Nous échangions les rôles. Papa profitait joyeusement de toi à l’hôpital pendant que moi, je faisais le plein de câlins auprès de ton grand frère, Théo, qui me manquait terriblement.
Léandre. Tu as été un véritable guerrier. Si petit, si fragile. Tu demeureras un exemple de force et de détermination incomparables. Nous avons eu la chance de te ramener à la maison pour quelques jours, et ces derniers instants furent de purs moments de bonheur. Les blessures seront longues à cicatriser. Toutefois, il faut garder en mémoire les beaux souvenirs, les sourires. Ton passage nous a ouvert les yeux. Nos valeurs ont changé, nos priorités, aussi. C’est un immense cadeau que tu nous lègues, mon beau bébé d’amour. Dors paisiblement. Nous t’aimerons toujours.
Marie-Ève Laplante est enseignante au primaire. Elle aime son métier, qui lui permet d’être toujours entourée d’enfants. Elle est la maman de Théo, 4 ans, et de Léandre, décédé en 2013. Elle vit à Saint-Pascal, dans le Bas-Saint-Laurent.
Source: Enfants Québec, mai-juin 2014
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