«Lorsqu’on est enceinte, existe-t-il des méthodes pour se préparer à l’allaitement et provoquer une montée de lait plus rapide le moment venu?» Lila, Laval
Cette question soulève de nombreux points. Ce que j’observe, tout d’abord, est qu’on met souvent la pression sur les femmes quant au début de l’allaitement. On leur laisse parfois entendre qu’elles devraient avoir plus de lait, plus rapidement… et être déjà habiles. Or, l’allaitement, c’est le «travail» du bébé, non celui de la mère. Le rôle de la maman est de mettre en place avec son enfant les conditions physiologiques propices à l’allaitement, c’est-à-dire le contact peau à peau pendant la majeure partie du temps, la proximité du sein, la liberté de mouvements et l’intimité. Car c’est de cette manière que les réflexes innés du bébé pourront le mieux s’exercer.
Mais les circonstances ne sont pas toujours idéales. Si l’accouchement a été difficile, ou si le bébé n’a pas eu accès au sein rapidement après sa naissance, ses réflexes peuvent être perturbés. Il arrive aussi que les conseils reçus ne soient d’aucune utilité, tout bien intentionnés qu’ils puissent être. S’il en résulte, par exemple, que le bébé prend mal le sein, ne tète que le bout du mamelon alors que les terminaisons nerveuses qui stimulent la lactation se trouvent autour de l’aréole, le processus entier s’en trouvera dérangé.
Pour bien vous préparer, trouvez à l’avance un groupe de soutien à l’allaitement, une «marraine» d’allaitement, une conseillère en lactation ou une sage-femme. Lisez un bon ouvrage sur le sujet (je recommande Bien vivre l’allaitement, de Madeleine Allard et Annie Desrochers, éditions Hurtubise, 2010), consultez des sites Web sur l’allaitement (mamancherie.ca, entre autres). Et demandez rapidement du soutien si un problème apparaît.
Certaines conditions très rares des seins (par exemple une hypoplasie du tissu mammaire), tout comme les séquelles d’une chirurgie mammaire, affectent quelquefois la production de lait. Un médicament peut alors être prescrit. Mais autrement, il suffit de bien s’entourer, de s’assurer que le bébé tète bien, et la montée de lait se fera toute seule. Depuis des millénaires, le corps produit du colostrum pendant les premiers jours du nourrisson et, peu à peu, la quantité de lait augmente selon la demande et les besoins de ce dernier. Il faut laisser faire le temps, tout simplement.
L’enfance de l’art
Pour un nouveau-né, téter est un réflexe de survie. S’il n’ouvre pas la bouche suffisamment pour bien prendre toute l’aréole, voici un petit truc très simple: placer le bébé de sorte que le mamelon soit légèrement trop haut pour lui. Ainsi, il ne pourra l’attraper qu’en levant le menton et en ouvrant grand la bouche – il faut pour cela que sa tête soit libre de basculer vers l’arrière, donc qu’elle ne soit pas retenue.
Propos recueillis par Marie-Claude Fortin
Source: Enfants Québec, avril 2014
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