«Ma fille de 5 ans est très dédaigneuse. Elle refuse de boire dans la bouteille d’un autre ou de s’essuyer avec une serviette déjà utilisée. Dois-je m’inquiéter?» Marilyne, Montréal
De prime abord, je ne crois pas qu’il y ait lieu de vous inquiéter. Il s’agit sans doute de mimétisme – votre enfant a probablement développé ces comportements à la suite de ce qu’elle a vu autour d’elle, peut-être à la garderie, où la transmission des microbes est une préoccupation quotidienne. C’est tout à fait normal et j’ajoute que c’est souhaitable! Si les craintes ordinairement légitimes se transforment vraiment en hantise, si par exemple votre fille appréhende de participer à la fête d’une amie de peur qu’il manque un verre et qu’elle doive partager celui de quelqu’un, ou si elle panique parce que son petit frère s’est essuyé avec sa serviette, bref, si l’intensité de ses réactions n’est pas justifiée par la situation, on sera en présence d’une peur sur laquelle il vaudra mieux se pencher un peu.
Il faudra alors essayer de déterminer, en discutant avec l’enfant, de quoi exactement elle a peur. De tomber malade? Si c’est ce qui l’angoisse, il faut continuer de creuser et l’aider à verbaliser ses craintes. A-t-elle peur de souffrir? De perdre le contrôle de son corps? Demandez-lui ce qui arriverait, selon elle, si elle attrapait un microbe. Elle ferait de la fièvre? Elle devrait voir un médecin? Redoute-t-elle d’être auscultée? Il faut savoir lire entre les lignes et, bien sûr, remettre les choses en contexte et dédramatiser. Vous devrez écouter votre fille, accueillir ses sentiments et surtout ne pas vous moquer d’elle ni banaliser ce qu’elle éprouve. Vous tenez certainement avant tout à préserver le lien de confiance, très fragile et très précieux, qui fait qu’elle s’ouvre à vous, parfois même à mots couverts. L’enfant qui ne se sent pas écouté ni accueilli dans ce qui lui importe mais peut paraître banal à vos yeux pourrait décider de se taire pour très longtemps.
En attendant, il est sûrement inutile de consulter. Si ses peurs tournent à la phobie ou que d’autres obsessions se développent et s’intensifient, n’hésitez pas à demander l’aide d’un professionnel.
Propos recueillis par Marie-Claude Fortin
Source: Magazine Enfants Québec, avril 2014
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