Ma fille de 10 ans est plutôt solitaire. À l’école, elle n’est pas rejetée, elle a des compagnons. Mais est-ce normal qu’elle n’invite jamais d’amies à la maison?
Le fait que votre fille ne reçoive pas de copines à la maison n’est pas, en soi, un indice alarmant. Les habiletés sociales ne se mesurent pas au nombre d’amis. Être capable de coopérer, de travailler en équipe, de faire preuve de solidarité et d’un sens de la justice sont autant de signes qui démontrent une intelligence sociale. Si votre enfant ne fréquente personne en dehors de l’école, mais que par ailleurs, en classe, elle communique bien avec ses pairs, il n’y a sans doute pas lieu de s’inquiéter. Votre fille a sa personnalité, ses singularités. Et c’est très bien ainsi. Parlez avec son professeur, demandez-lui comment elle entre en relation avec les autres, comment elle s’y prend pour établir et entretenir ces liens.
Il faut aussi tenir compte de la configuration familiale. Peut-être que votre fille a grandi dans un monde d’adultes. Peut-être aussi que votre vie familiale est très chargée, que les activités avec ses cousins et cousines, le va-et-vient de ses parents et des amis de ses parents la comblent tout à fait. Cependant, si cette enfant considère que vous êtes sa seule et meilleure amie, il faut peut-être vous questionner. Est-ce que vous lui donnez vraiment la possibilité de se détacher de vous? D’avoir son univers à elle? Pour construire sa personnalité, à son âge, votre fille doit comprendre qu’elle peut avoir son monde personnel et qu’elle a le droit de ne pas le partager avec vous.
Parlez-lui de vos propres amitiés – comment elles sont nées, les joies qu’elles vous ont apportées, mais aussi les déceptions. Questionnez-la sur le sujet. Comment définit-elle l’amitié? Qu’en pense-t-elle? Y a-t-il des filles ou des garçons, à l’école, qu’elle admire particulièrement et avec qui elle aimerait se lier d’amitié? Faites-lui aussi savoir qu’il vous ferait plaisir d’aller chercher une de ses amies pour l’amener à la maison, si elle le désirait. Vous pouvez même créer des occasions. Si vous allez voir un film, par exemple, suggérez-lui d’inviter une camarade et permettez-vous d’insister. Parfois, c’est salutaire de pousser un peu ses enfants tout en respectant leurs limites, leur tempérament, leurs préférences.
Propos recueillis par Marie-Claude Fortin. Enfants Québec, mai-juin 2010
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